
En raison de la crise du COVID-19, le BIM World 2020 démarre aujourd’hui dans sa version digitale, avec une partie des conférences diffusée en direct.
Nous avons profité de l’occasion pour interroger Alain Sevanche, un des fondateurs, ensemble nous faisons le point sur : les évolutions du BIM, la place de nos métiers de l’Infra dans le BIM, le rôle des éditeurs de logiciels, les trois grands thèmes du BIM World 2020 et enfin, Smart Data, le nouvel événement adjacent au BIM World.
Alain Sevanche, après quelques éditions du BIM World, quelle est votre position sur le BIM, est-ce que ça évolue aussi vite que vous l’aviez imaginé ?
Le BIM évolue aussi vite que possible si on tient compte du fait qu’il représente un énorme changement dans la façon de travailler de l’ensemble des professionnels. Il faut ajouter à cela la nécessité de se doter de nouveaux outils et la nécessité de répondre aux demandes des clients en matière de BIM. Moyennant quoi, la part de marché des opérations traitées avec le BIM, et des compétences disponibles en la matière, évoluent de manière très rapide.
Lorsqu’on le rapporte au marché global de la construction, on a l’impression que cette part est faible, mais si on raisonne à partir de notre point de départ c’est considérable. Nous avons un indicateur, BIM World a quintuplé sa taille en 5 ans, nous sommes à l’image du marché.
L’année prochaine le salon comptabilisera 350 exposants et 12 000 participants contre 2500 participants la première année et 60 exposants. Le BIM est un phénomène plus global. Derrière le vocable du Building Information Modeling, qui recouvre le fait de partager et coopérer autour de données liées à des ouvrages avec un format interopérable, se cachent en fait les usages de la donnée, qui eux sont très nombreux. Car c’est bien tout au long du cycle de vie que nous collaborerons autour de données et de tous types d’ouvrages, des bâtiments aux territoires.
Le BIM est ainsi décliné en CIM. On peut donc mettre tous les vocables que l’on souhaite, cela veut dire au final qu’il y a des gens qui collaborent avec des outils interopérables et une donnée partagée, qui sera utilisée par de plus en plus d’acteurs tout au long du cycle de vie des ouvrages.
Faisons le lien désormais avec l’Infra ; Quelle est selon vous la place de l’Infra, dans le BIM aujourd’hui ?
Ce que nous constatons, notamment à travers les sujets présentés dans les conférences, c’est que le marché de l’Infra est aujourd’hui le plus dynamique en termes d’adoption du BIM, et également le plus avancé en termes de méthode. Sur les grands projets internationaux les équipes collaborent déjà, les enjeux économiques et le poids de l’exploitation dans les infrastructures sont plus forts. Les structures qui interviennent sont également plus importantes. On arrive ainsi à des structures quasi industrielles qui ouvrent un boulevard pour le BIM et pour l’utilisation des datas et des logiciels.
Justement, quel peut-être le rôle des éditeurs de logiciels dans le BIM, quels pourraient être leurs axes de développement ?
Il faut distinguer deux types d’acteurs, les logiciels métiers et les logiciels de CAO, Modélisation visualisation… qui sont plus des outils de dessins et de partage de la data, mais qui ne rentrent pas dans les problématiques métiers. Dans tous les cas, leur challenge est double : offrir toujours plus d’interopérabilité dans leurs logiciels, durcir leurs logiciels par rapport à des problèmes de sécurité, de traçabilité et de fiabilité liés aux échanges qui font se complexifier. En résumé s’ouvrir et se sécuriser.
Trois grands thèmes seront abordés cette année : construction 4.0, immobilier as a service et Smart infrastructure, pouvez-vous nous en dire plus ?
La Construction 4.0 représente l’industrialisation de la construction, depuis les usines qui fabriquent les composants des ouvrages, jusqu’à la livraison des ouvrages. Pour mieux comprendre, il s’agit en fait de savoir, comment on industrialise l’acte de construire, comment on améliore la productivité et enfin, comment on optimise l’utilisation des ressources.
L’immobilier as a service : une fois que l’ouvrage est livré, on attend d’un bâtiment qu’il entre dans des modèles économiques originaux avec des notions de partage : co-living, co-working par exemple. L’immeuble peut aussi rendre des services à son environnement avec des échanges de fonctions : par exemple, la recharge de bornes électriques pour les véhicules ou la mise à disposition de places de parking.
Smart Infrastructure : Il s’agit d’un mixte des deux, mais à l’échelle urbaine à savoir, les infrastructures que l’on va construire différemment avec des outils de modélisation permettant de bâtir un véritable jumeau numérique du pont ou de la route fabriqué. Cette smart Infrastructure peut elle-même supporter des réseaux de communication ou des services.
Merci Alain Sevanche, pour votre disponibilité et votre collaboration à cet article dédié au BIM World 2020.
Concernant le BIM World :
Une seconde session enrichie d’ateliers, de face à face, de nouvelles conférences et de « one-to-one » avec les exposants ayant un espace digital se déroulera le 5 novembre pour les 24 heures du BIM.
La grille des conférences se déroulant les 7 et 8 octobre est désormais en ligne.
A partir du 15 octobre la plateforme BIM World Online sera enrichie de nouvelles conférences, ateliers et prise de rendez-vous avec les exposants afin de mieux préparer les 24 heures du BIM.
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